Vous trouverez sur cette page quelques textes de prédications, d’études bibliques ; comme la page est assez longue, vous pouvez vous contenter de cliquer dans la troisième colonne sur le texte que vous voulez atteindre.
date | circonstances | nature du texte | auteur |
30/06/2013 |
fête paroissiale d’été |
prédication (Esaïe, 61, 1 ;8-11)
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Georges Heichelbech |
2/12/2012 | premier dimanche de l’Avent | présentation de la Syrie | pasteur Mathieu Busch |
prédication (Luc, 1. 67-69) | pasteur Mathieu Busch | ||
23/11/2012 | installation de Mmes Brahim et Suhr | prédication (Éphésiens, 1. 18-23) | pasteur Isabelle Gerber |
C’est dans le cadre de notre fête paroissiale d’été au Mont Saint-Michel, au-dessus de Saint-Jean-Saverne que Georges Heichelbech, responsable national
de l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’abolition de la torture)
a pris la parole pour cette prédication.
Frères et sœurs dans le Seigneur,Justice de Dieu et justice des hommes, droits de Dieu et droits de l’homme, foi chrétienne et droits de l’homme, voilà le thème qui nous rassemble aujourd’hui à l’occasion de cette fête paroissiale d’été. Et notre méditation est introduite par le passage du prophète Esaïe, dont je rappelle quelques éléments : « Le Seigneur m’a envoyé porter un joyeux message aux humiliés, panser ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs l’évasion, aux prisonnier l’éblouissement. Le Seigneur aime le droit, il conclura une alliance perpétuelle, il m’a revêtu de l’habit du salut, il m’a drapé dans le manteau de la justice. »Il faut reconnaître que pendant longtemps les Églises se sont opposées aux droits de l’homme en rétorquant qu’ici-bas, l’homme n’a pas des droits mais des devoirs, et que les seuls droits qui importent sont ceux de Dieu. Le paysage a changé du tout au tout depuis une cinquantaine d’années – plus précisément depuis le concile Vatican II et l’évolution parallèle qui s’est produite dans le protestantisme. Les papes comme les membres du Conseil œcuménique des Églises multiplient les prises de position en faveur des droits de l’homme. Quelle prodigieuse rencontre que celle des droits de l’homme et de la religion du Dieu fait homme ! Les militants des droits de l’homme se réjouissent de voir les chrétiens rejoindre leur combat, assumer enfin toute l’étendue de leur solidarité et de jeter dans la balance la force de leur conviction. En retour, les chrétiens découvrent à ce contact un appel à renouveler leur foi. Dans un premier temps, ils se « convertissent » aux droits de l’homme par devoir de solidarité ; mais ils comprennent vite, au fil de leur engagement, que ce sont en fait les droits de l’homme qui les convertissent, qui leur font découvrir ou redécouvrir le christianisme.Ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que nous nous dévouons à la cause des droits de l’homme. Ce sont les droits de l’homme qui nous ont rendus chrétiens, qui nous ont fait découvrir ou redécouvrir le christianisme. Participer au combat pour les droits de l’homme, ce n’est pas, en soupirant, jeter un peu de son temps et de son argent dans l’océan de la douleur des hommes, mais au contraire faire éclater les limites de son existence, se trouver comblé grâce à des rencontres inoubliables.Lutter pour les droits de l’homme aujourd’hui, c’est inévitablement accueillir le témoignage douloureux d’hommes et de femmes. Découvrir, à travers leurs vies brisées, un Évangile en action, singulièrement jeune, efficace, « dépoussiéré ». Et comment en serait-il autrement ? Si la vie des pauvres reflète mieux l’Évangile que celle des gavés de la terre, c’est précisément parce que notre Dieu a voulu naître, vivre et mourir pauvre. Christ est né sous l’occupation, dans le quart monde, en échappant de peu au génocide. Il a été nomade, immigré, dissident, prisonnier d’opinion, condamné à mort et exécuté au poteau d’infamie.Dans la vie des Églises, les droits de l’homme sont prophétiques. Redoutable et salutaire cure de désintoxication idéologique : à travers leurs revendications, les Églises ont accepté que des non-croyants les bousculent, leur ouvrent les yeux, les arrachent à leur sommeil dogmatique. Elles ont accepté que des non-chrétiens leur fassent découvrir le souffle et le feu d’un Évangile planté au cœur des hommes.Le combat pour les droits de l’homme, qui n’est pas l’exclusivité des chrétiens, fait néanmoins partie intégrante de l’engagement du chrétien qui a son apport propre au combat pour la dignité humaine : ce combat doit pouvoir se nourrir non seulement d’une motivation humaniste commune, mais aussi de toutes les motivations spirituelles qui peuvent l’enrichir et lui donner force ; une vision authentique de la collaboration entre des mouvements d’approches diverses devrait se faire en approfondissant ensemble leur vision et leur compréhension de la dignité humaine.Passons maintenant au deuxième aspect de notre thème : justice de Dieu et justice des hommes. Nous avons souvent tendance à opposer la justice divine avec la justice humaine. A partir de cette distinction peu de choses sont possibles : la justice divine semble être un horizon indépassable sur lequel nous avons peu de prise et la justice humaine semble être purement contingente soumise aux aléas des hommes, des idéologies et des politiques. Peu importe que la justice des hommes soit imparfaite puisque la justice divine qui nous attend est parfaite. Pourtant pouvons-nous nous contenter de cette opposition un peu simpliste et peu satisfaisante pour ceux qui souffrent d’injustice ? La notion biblique de justice est surtout la qualité qui fait qu’un pouvoir ou un acte, sont conformes à ce que le droit, la coutume ou l’essence d’un être exigent.Pour l’Ancien Testament, le concept de justice est avant tout l’accomplissement d’une relation humaine. C’est pourquoi la justice est associée à deux termes fondamentaux qui sont la paix (Shalom) et l’alliance (Berith). La justice ne repose donc pas sur un ordre abstrait de l’univers, ni sur un corpus de lois qui définirait a priori l’idée d’une société juste.On peut traduire shalom par paix mais cela rend imparfaitement ce qu’est réellement le shalom dans la Bible. Nous pourrions dire que le shalom ce sont les choses telles qu’elles devraient être. Cela signifie que chacun peut et doit vivre dans un état de bien-être physique et matériel et en bonne relation avec l’autre. C’est aussi vivre dans un système de relation économique et politique juste.Toute société risque par là même d’être très inférieure aux idéaux de perfection. Une société ne peut être jugée uniquement sur ses principes mais devrait l’être aussi sur ses réalisations et concrètement comment les hommes et les femmes vivent entre eux ses principes de justice. Ce n’est pas sans raison que Jésus dénonce la logique de la loi et outrepasse la justice, bonne, des pharisiens. Car sans la miséricorde, la justice est une impasse, aussi utile et indispensable qu’elle soit. Ou bien « justice et vérité s’embrassent », ou bien ce monde n’est ni juste ni vrai. La justice des pharisiens, la logique des hommes de bien, des hommes de loi mène à la violence et à l’exclusion. On ne cesse de le voir. Sans la miséricorde, la vérité se mutile, parce que le frère ne peut la reconnaître qu’à être aimé.
Deuxième terme auquel est associé dans la Bible le terme de justice c’est celui de l’alliance. L’alliance est un traité qui engage les deux parties qui le signent. Dans l’histoire biblique l’alliance de Dieu avec son peuple est inaugurée par un acte de libération de la part de Dieu. Il libère le peuple d’Israël de l’esclavage en Égypte. Cet acte de libération a eu lieu à cause de l’amour de Dieu pour son peuple et non parce qu’il le méritait. Cet acte de libération est fondateur de l’engagement de Dieu pour son peuple. A partir de là, l’alliance qui l’implique va engager Dieu et son peuple dans une nouvelle relation. Et finalement toute la Bible n’est que la réactualisation de cet acte libérateur fondamental. Autrement dit la justice de Dieu est avant tout événement historique dans l’histoire des hommes. Il n’existe pas quelque part dans le ciel un tribunal céleste, non il n’existe pas de lois et des codes immuables, non la justice de Dieu ne défend pas un ordre du monde parfait auquel les hommes devraient se soumettre. Le terme « justice de Dieu » apparaît aussi 8 fois dans la lettre aux Romains. La justification évoquée par Paul dans les premiers versets de l’épître aux Romains n’est pas une justice punitive mais comme une justice de paix, la justification c’est la libération du péché dans le but que toutes choses deviennent justes. La justification par la foi c’est la manifestation d’une justice qui restaure. La justice qui restaure, c’est celle qui guérit. Elle replace l’homme dans une juste relation avec les autres hommes, avec la société, avec la nature et avec Dieu. Dans le domaine pénal, nous pourrions dire que le délit, le crime, ce n’est pas d’abord l’infraction à une loi mais la rupture d’une relation. La justice ne doit pas d’abord condamner, punir mais essayer de restaurer cette relation brisée. Quand on fait mal, on ne fait pas mal d’abord à une loi mais à quelqu’un ou à la communauté. L’ordre moral immuable nous ramène au passé de la faute et il est parfois nécessaire de le faire, mais la justification (ou la restauration) nous permet d’envisager à nouveau l’avenir. C’est pourquoi, dans nos liturgies, le pardon fait suite à la confession du péché, le pardon de Dieu n’efface pas la faute, il oriente vers un avenir à nouveau possible. Amen |
L’intervention du pasteur Busch, en ce premier dimanche de l’Avent était articulée en deux parties : une présentation de la Syrie, suivie de la prédication.
Prédication d’Isabelle Gerber
Le 23 novembre 2012 en l’église protestante d’Ingwiller, lors du culte d’installation de Dorette BRAHIM dans le ministère d’inspecteur laïque, et Denise SUHR, dans ses fonctions de députée au consistoire supérieur, Isabelle Gerber, inspecteur ecclésiastique de Bouxwiller, a prononcé cette prédication.
Éphésiens 1.18-23 Quelle chance ! Oui, je l’affirme avec reconnaissance et conviction. Quelle chance avons-nous d’être croyants ! Dorette, Denise et beaucoup d’entre vous qui êtes présents aujourd’hui, vous avez un jour perçu de manière plus ou moins claire qu’il y avait autre chose. Qu’il y avait plus profond, plus grand à trouver dans l’existence que se brosser les dents, aller travailler et retourner se coucher. Ce texte, à l’approche de l’hiver, est un condensé de vitamines. Pour les gourmands et gourmets parmi nous, j’ose l’image de saveurs exquises à déguster sans modération, parce qu’elles nourrissent le sens que nous donnons à nos jours. Paul demande à Dieu d’ouvrir les yeux de notre intelligence. Pas uniquement l’intelligence qui recouvre nos activités cérébrales, mais l’intelligence de toute notre personne. Il est fait appel à notre densité humaine ; toutes nos dimensions ; celle qui nous fait plisser les yeux de bonheur, ouvrir la main, serrer quelqu’un dans nos bras. C’est ainsi que nous pouvons recevoir l’espérance. Les chrétiens ont cette chance de ne pas vivre la seule dimension du présent et du passé. Dieu leur ouvre une dimension appelée espérance. Elle ouvre les yeux de l’intérieur, de la profondeur. Certes nous ne vivons pas dans un autre monde que nos contemporains. Il n’y fait pas plus rose. Il y a des cancers, des divorces, des trahisons, de la violence. Mais au fond, tout au fond, est déposé le trésor de la foi. Car c’est un trésor, une richesse où l’on peut puiser sans fin, c’est un trésor que de sentir, à la racine de notre personne, un lien indéfectible. Un élan premier qui dit oui à ce que je suis depuis toujours. Dieu est fidèle. Dieu est amour. Voilà le moteur, la force, venue du dehors, qui porte le croyant. Dieu ne me lâchera pas, il ne lâchera pas le monde. Nous ne passons pas notre vie, main dans la main avec Dieu, mais si moi je lâche, lui ne me lâchera pas. Chaque culte, chaque bénédiction, chaque Notre Père est occasion de le rappeler. Je me souviens aujourd’hui de ce lien, je me souviens que je ne suis pas à la tête de ma vie, seule, que je ne suis pas à la tête de l’église, seule. Certes, nous avons une responsabilité dans la direction de notre existence et celle du monde, mais il y a quelqu’un au-dessus, plus haut, Celui qui habite totalement l’église alors que moi je n’en habite qu’un petit bout, de temps en temps. « Le rituel, que nous ne comprenons pas, est facteur d’apaisement et libère du harcèlement du sens et de la tyrannie du rapport à soi. » Cette phrase n’a pas été écrite par un théologien, mais par Frédérique Ildefonse dans son livre (qui vient de sortir). Il y a des dieux de réflexion philosophique et sociologique sur les religions. De l’extérieur, certains nous observent, nous les croyants, et constatent qu’il y a dans notre foi une force qui permet à l’humain de porter ses jours et ses projets différemment. À travers nous, ils perçoivent la place, la puissance d’un Autre. Dieu nous libère de nos obsessions narcissiques, de la pression à réussir tout seul notre existence. En s’attachant à nous, Dieu nous montre que l’autre est ce qui nous sauve de nous-mêmes et nous amène plus loin. L’homme ou la femme de notre vie, nos enfants, nos amis, nous le prouvent amplement au quotidien. Merci à tous ceux qui mettent ce qu’ils sont au service de Celui qui veut la vraie vie pour chacun. Merci au Dieu qui transcende ma petite histoire pour m’entraîner dans la sienne et m’ouvrir, à tous les étages de ma personne, à l’espérance. Amen. |